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  • La minoterie

    la minoterie

    Je cherche l’image la plus imagée : la taupe dans son terrier, l’oiseau dans son nid, l’homme des cavernes dans sa caverne. — Je suis le locataire dans sa location, l’homme temporairement là, l’éternel transitoire dans cet appartement incongru. — Incongru, il l’est : incrusté dans une minoterie de l’âge du béton. Quelques mètres au-dessus de la douche, vous observez la pyramide inversée par où coulait le grain de blé — son sillon, sa cicatrice, ses restes de stigmates. C’est la partie la plus élevée de l’appartement, et la pièce la plus exiguë : douche, machine à laver, lavabo. C’est la pièce la plus sombre ; aussi j’y stocke mes conserves de chou et de céleri.

    la minoterie

    Là où je déambule stupidement, où je m’interroge longuement sur la course du monde, sur la folie d’y participer et l'embarras de la quitter, sur le peu de fondement de mes certitudes et les biais de mes croyances, sur les bornes de ma conscience et la plasticité de ma morale, en somme, là où je doute et puis longuement douter de tout, et douter répétitivement, pathologiquement, là : il y eut des minotiers qui minotaient du matin au soir et n’avaient guère le loisir de l’interprétation planétaire des Fleurs du Mal ni de Pierrot lunaire. Il me plaît que, dans cette ancienne minoterie industrielle, je façonne mon pain, me prenant pour le boulanger dans la minoterie. — Mais j’ai confiné mon levain dans le réfrigérateur, car à quoi bon faire du pain pour soi seul, quand le pain se mange avec un copain, compagnon de pain ?

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