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  • Vivo al peccato, a me morendo vivo

    Un dernier film à onze heures, un garçon-chiffon coupé au bol portant un pull rouge au motif moutonnant. "Tu es beau de partout", dit-il à une beauté assise au bord d’une piscine.

    Un dernier verre en terrasse, citron et glaçons, les dernières basses de la fête foraine, les derniers hurlements des corps projetés dans les airs.

    esclave_mourant.jpgEncore un dernier film dans la soirée, Michel-Ange et un immense monstre de marbre blanc, beaucoup de cheveux blancs dans la salle. Je demande à un élève croisé dans l’escalator quel film il va voir : 30 jours max, qui sonne comme l’objectif du confinement automnal. — Michel-Ange : "Je vis pour le péché, je vis en me mourant. Ma vie n’est plus à moi, c’est celle du péché. Mon bien me vient du ciel et mon mal de moi-même, par ce vouloir infirme qui m’a déserté. Ma liberté s’est asservie, ma part mortelle est devenue mon dieu. Ô misérable état ! Pour quel malheur, quelle existence suis-je né ?"

  • Adieu les cons

    L’argile en séchant ouvre plus grand mes yeux, autrement dit mes paupières tombent irréversiblement.

    La libraire prétend avoir eu du mal à me reconnaître à cause de mon bonnet vert, mais elle m’appelle par mon prénom et me donne du tu. Je lui achète Le pur et l’impur. J’ai remarqué l’absence de h dans son prénom.

    La fête foraine bat son plein pendant le discours présidentiel. Des filles engloutissent des gerbes de barbe à papa plus grosses que leurs têtes.

    À cause d’une salopette je m’enferme aux toilettes plutôt que de me déboutonner à l’urinoir. Le film se termine par un heureux suicide.

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  • Cahors Mundi

    Une femme marche devant moi, son parapluie orange comme une vieille édition anglaise au pingouin, On The Road, la Beat Generation sur un boulevard, l’unique boulevard.

    Je demande à la brocanteuse si c’est de la faïence de Moustier ou de Montauban. Elle hésite, m’assure finalement que c’est du Martres. Elle me fait un prix, m’avoue que le regard du premier ministre lui fait peur, elle redoute les prochaines mesures.

    Comme je remonte le boulevard, un homme dit qu’il a réservé des billets d’avion pour Noël, pas certain cependant de pouvoir partir, mais assuré d’être remboursé en cas d’empêchement.

    La coiffeuse sort de son salon et me reproche de me garer là, d’y laisser trop longtemps ma voiture, trop souvent, je prends la place de ses clients. Je réponds que je comprends mais que je ne pouvais pas deviner le problème, la place n’étant pas officiellement réservée à la clientèle, c’est une place comme les autres, le long du trottoir. Elle me parle de savoir-vivre et de respect : je devrais bouger ma voiture tous les jours. Je ne suis pas entré dans un salon de coiffure depuis trois ans je crois.

    Sur une vieille porte, à la tombée de la nuit, un bouquet de roses desséchées, une carte avec le nom du professeur décapité, en sa mémoire, pour Samuel, lâchement assassiné.

    Au journal, une femme explique qu’elle lave sa vaisselle à l’eau de javel. Je remarque chaque jour de nouveaux insectes dans ma cuisine : un moucheron, une araignée, une minuscule limace. Je laisse les araignées tranquilles quand elles ne sont pas trop grosses, mais je me suis débarrassé d’un mille-pattes répugnant. Je lave le sol à l’eau.

    Je verse le café dans mon mug orange, PENGUIN BOOKS, Aldous Huxley, BRAVE NEW WORLD, A Novel.

    cahors