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  • Yves-Noël dit que je suis distrait car je confonds les ananas et les pommes de terre

    Eternal link

    Me-lis-tu

    Yves-Noël met souvent un lien externe de son blog vers mon blog. Quand je pointe mon curseur sur le titre d'une note dans son blog, je lis "external link". Là, c'est un lapsus, faute de frappe, touche du x pas enfoncée, juste effleurée (je tape vite). Lapsus informatique, non, lapsus des doigts, lapsus digital, lapsus tactile.

    Tropisme informatique et amoureux

    Plus précisément. Je rédige la note, je crée le lien hypertexte vers le blog d'Yves-Noël. Je vérifie ensuite que ça fonctionne sur mon blog, et en pointant le curseur sur ledit lien, une fenêtre minuscule me propose une traduction formulée comme suit: "eternal:éternel". Je me dis alors que le correcteur automatique se trompe avec beaucoup de poésie, me proposant "eternal" là où j'ai écrit "external". Je reviens sur mon rectangle d'écriture Hautetfort, ma page blanche, prêt à déverser une phrase lyrique sur la poésie informatique, la rêverie numérique, etc., et puis je me rends compte que j'ai vraiment écrit "eternal", que l'outil informatique n'a fait que me proposer une traduction de ce que j'ai écrit. Ce n'est rien, la poésie est là quand même, et le lien.

    (Sans doute je suis bien distrait en ce moment.)

  • Sans titre

    Deux jours sans écrire sont longs, les souvenirs remuants du week-end apprivoisent le quotidien, journée neuf heures dix neuf heures, alertes messagerie, réunions prises de position. Le soir, rituel des voisins amants de l'autre côté de la cloison, "cuisine non douche d'abord avant qu'il arrive", fermer son coeur en alliance, à tel point que je dors moi, vingt heures minuit, porte grince amant chuchote maîtresse de maison répond poète s'endort, et réveil doux avec haleine de qui ne s'est pas lavé les dents et messages des deux à qui je voudrais bien faire la cuisine moi, Yves-Noël Renato, l'un m'a dit qu'il trouverait un stage à l'autre chez Hermès, racourci spatio-temporel, blond chevalier qui ce soir dansait m'a-t-il dit et damoiseau que je n'ose qualifier, image comme épreuve pas encore fixée (lumières rouges du labo pas très différentes de celles du Dépôt).

    Angelina, je corrigeais copies au tout début du siècle quand j'avais femme coeur fermé en alliance cuisine soucis domestiques diplomatie familiale, il y eut ce message d'Angelina dans l'après-midi (les noms qu'y puis-je ce sont vos noms), parfois oui j'ai soubresauts de lyrisme en souvenir de qui je fus amoureux fou, alors je mets CD vulgaire morceau de plastique comme sauvage roulant dans un drap d'or, opéra de pédé disait Yves-Noël, goût de l'absolu dit Angelina (moi je dis souvenir du goût fantasme impasse de l'absolu). Littérature écran, souvenir écran. Les mots traces de vie, recueil de la chair des mots, ce que disent les mots quand ils s'agitent, par les yeux les mains la bouche. (La musique, impossible d'en parler.)

    Année scolaire 1999-2000, Fourmies théorie d'insectes dit Claude Simon, lycée Camille Claudel, je commençais l'année avec La Princesse de Clèves chère à Breton, "ce fut comme une apparition", histoire de coeurs qui se ferment en alliance, j'avais vingt-quatre ans, cheveux longs, je faisais des lectures méthodiques. A la fin du message mise en garde je crois, "dites-vous bien que la littérature est un des plus tristes chemins qui mènent à tout", Breton fils de gendarme et gendarme de la littérature parle pour lui évidemment.

  • Pendant la guerre

    Je remontais la rue de Rivoli à la recherche d'habits neufs, en sortant du BHV un mec m'interpellait, il me prenait en photo, moi et mes habits, il disait c'est pour un blog de mode, je lui expliquais ma mode n'est pas toute fraîche vous savez, à part mon écharpe, il concluait ce sera bientôt en ligne sur L'Habit fait le Dandy, je pensais à Renato puis à Baudelaire, et je trouvais des habits neufs dans une boutique du Marais, un manteau gris et un sarouel (je laissais une chemise noire à pois bleus).

    Je prenais un Starbucks, un venti moka blanc s'il-vous-plait, Fabrizio disait qu'on se rejoindrait aux Halles, alors j'avançais et je me brûlais la langue, à la Fontaine des Innocents une voix de femme hurlante lamentait la guerre d'Orient, les nouvelles du monde sur la place publique, l'affiche disait résistance et la voix hurlante étranglait les mots de douleur, chacun est responsable de ce qu'il veut voir ou ne pas voir, elle disait antenne deux vous ment, les images ne mentent pas, regardez les images (j'avais bien entendu aussi on va brûler les Juifs).

    Aux Halles on faisait la queue et c'était cher, il y avait cette histoire de deux amants qui habitent dans le même immeuble, séparés par une cour intérieure, et l'amour qui se dit à la fenêtre par silhouettes entrevues et blonds cheveux d'une princesse triste et lâche, les couples mystérieux qui se font et se défont, les petites horreurs de la vie qui passe et les ennuis entre quatre murs, les amants mariés et les mères dévorantes.

    Les nôtres ne sont plus là alors on se débrouille avec les pères, Fabrizio rentré d'Italie, les déceptions de Noël, les amours comme elles vont, les perspectives d'avenir, c'était dans un kebab et il faisait bien froid. (Pendant ce temps Renato révisait le quatrième pouvoir, Yves-Noël dansait à Laumière, Estelle regardait peut-être la télé impasse de l'Astrolabe, etc.)