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Le nombre des rameurs d'Ulysse

00:04:02
Nous ne vivons que la moindre partie du temps de notre vie, car tout le reste de sa durée n'est point de la vie, mais du temps.

00:20:52
Je n'ai pas le temps de vivre ! Pourquoi donc ? Parce que tous ceux qui vous attirent à eux vous enlèvent à vous-même.

00:36:10
Il est des hommes dont le loisir même est affairé.

00:42:03
Personne ne doute que ceux qui s'appliquent à d'inutiles études littéraires ne se donnent beaucoup de peine pour ne rien faire. Le nombre en est déjà assez grand, chez nous autres Romains. C'était la maladie des Grecs, de chercher quel était le nombre des rameurs d'Ulysse.

00:47:54
Aucun siècle ne nous est interdit : tous nous sont ouverts ; et si la grandeur de notre esprit nous porte à sortir des entraves de la faiblesse humaine, grand est l'espace de temps que nous pouvons parcourir. Je puis discuter avec Socrate, douter avec Carnéade, jouir du repos avec Épicure ; avec les stoïciens, vaincre la nature humaine ; avec les cyniques, dépasser sa portée ; enfin, marcher d'un pas égal avec la nature elle-même, être contemporain de tous les siècles. Pourquoi, de cet intervalle de temps si court, si incertain, ne m'élancerais-je pas vers ces espaces immenses, éternels, qui me mettraient en communauté avec les meilleurs des hommes ?

00:51:29
On dit souvent qu'il n'a pas été en notre pouvoir de choisir nos parents ; que le sort nous les a donnés. Il est pourtant une naissance qui dépend de nous. Il existe plusieurs familles d'illustres génies ; choisissez celle où vous désirez être admis, vous y serez adopté, non seulement pour en prendre le nom, mais les biens, et vous ne serez point tenu de les conserver en homme avare et sordide ; ils s'augmenteront au fur et à mesure que vous en ferez part à plus de monde.

01:06:39
Turannius, vieillard d'une activité et d'une exactitude rares, était chargé de l'approvisionnement de Rome. Ayant à l'âge de quatre-vingt-dix ans, reçu de Gaius César, sans l'avoir offerte, la démission de sa charge, il se mit au lit, et ordonna à ses esclaves rassemblés autour de lui, de le pleurer comme mort. Toute la maison s'affligeait du loisir de son maître ; et les lamentations ne cessèrent que lorsqu'il fut rendu à ses fonctions. Est-il donc si doux de mourir occupé ?

La plupart des hommes ont le même désir ; la manie du travail survit en eux au pouvoir de travailler ; ils luttent contre la faiblesse du corps, et la vieillesse ne leur paraît fâcheuse, que parce qu'elle les éloigne des affaires. La loi dispense à cinquante ans de porter les armes, à soixante d'assister aux assemblées du sénat ; les hommes ont plus de peine à obtenir le repos d'eux-mêmes que de la loi.

Cependant, qu'ils sont entraînés et entraînent les autres, que l'un trouble la paix de l'autre, qu'ils se rendent réciproquement malheureux, la vie passe sans fruit, sans plaisir, sans aucun profit pour l'âme ; nul ne voit la mort en perspective, chacun porte au loin ses espérances. Quelques-uns même règlent, pour un temps où ils ne seront plus, la construction de vastes mausolées, la dédicace de monuments publics, les jeux qui se célébreront auprès de leur bûcher, enfin tout l'attirail d'orgueilleuses obsèques, de magnifiques pompes funèbres. Mais, en vérité, les funérailles de ces gens-là devraient, comme s'ils avaient très peu vécu, se faire à la lueur des torches et des flambeaux.

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