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Ce serait la vie française — poetic irony

Rimbaud is aerogel, frozen smoke, solid air. His life itself vaporizes on impact. Rimbaud defines the legend of otherness.

 

Mon obsession de Rimbaud m’a repris. Hier, c’est un post sur Facebook qui m’a entraîné, cette photographie d’un jeune pioupiou à la mine boudeuse, Rimbaud Place Vendôme, la statue de Napoléon à ses pieds. Pour la première fois il nous est donné de voir "the Rimbaud grimace", la fameuse mine renfrognée décrite par Verlaine, "iconic scowl" les lèvres qui tombent, "downturned mouth", le regard incendiaire, "searing gaze", et tout cela exhale une effronterie tellement puissante que l’auteur de l’article prétend que Byron lui-même, dans son combat pour l'indépendance de la Grèce, n’a jamais assumé une posture aussi byronique. "With the emergence of these new photographs it is time to conclude that Arthur Rimbaud went through a phase of proto-communism." Rimbaud proto-communiste. Ite missa est : Allez, c’est la mission ! En marche ! Allongé au soleil de pré-avril, je réécoute Denis Lavant dans Une Saison en Enfer, et l’écho au mouvement politique par lequel le mal a achevé de se répandre en France aussi bien qu’à la catastrophe pulmonaire de notre vieux monde qui ne respire plus est trop fort :

Assez ! voici la punition. — En marche !

Ah ! les poumons brûlent, les tempes grondent ! la nuit roule dans mes yeux, par ce soleil ! le cœur… les membres…

Où va-t-on ? au combat ? Je suis faible ! les autres avancent. Les outils, les armes… le temps !…

Feu ! feu sur moi ! Là ! ou je me rends. — Lâches ! — Je me tue ! Je me jette aux pieds des chevaux !

Ah !…

— Je m’y habituerai.

Ce serait la vie française, le sentier de l’honneur !

Appelons cela l'ironie poétique. Il reste pourtant un doute sur le nez, le nez fin de la photographie de Carjat, mais l’icône où vagabondent mes souvenirs de désirs adolescents, l’ovale parfait du visage dans l’ovale bourgeois de la découpe photographique, l’épiderme immaculé que n’a encore creusé aucun sillon ne sont qu’illusoire pureté : c’est une photographie de photographie qui a perdu l’empreinte singulière de la peau, Carjat ayant détruit les plaques photographiques qu’avait imprégnées l’adolescent fraîchement débarqué à Paris. Dans Rimbaud le fils, Pierre Michon suppose qu’au moment de la prise de vue dans l’appartement de Carjat, Rimbaud murmurait son "Bateau ivre" qu’il venait d’écrire : c’est peut-être ce poème à la surface des lèvres au dessin triste, ce souffle qui n’impressionnera jamais aucune solution argentique ni aucun pixel, ce concentré d’épopée précoce qui se balade à la surface du portrait iconique. L’autre portrait sauvé de la brouille entre le poète et le photographe n’a pas eu la même postérité. Il est ingrat. Il se ressemble à peine. Le pioupiou de la Place Vendôme lui ressemble davantage, si ce n’est, peut-être, du point de vue du nez. Des experts devront se pencher sur l’empâtement suspect de l’aile, sur les ombres qui peut-être l’élargissent par un effet d’optique trompeur, ou par le manque de précision dû à la distance entre la chambre photographique et le sujet Rimbaud. Gageons que ce soit lui, fier, dominant la statue couchée à son côté.

(à part) The idea that Rimbaud is with us in the pain of this pandemic, not by accident helping us to be one planetary people of unconditional love (reinvented).

Rimbaud-in-the-Place-Vendome-1.png

Arthur Rimbaud : "The Discovery of Two New Portraits of the Planetary Poet-laureate" par Aidan Andrew Dun

Commentaires

  • curieux

    https://youtu.be/XNeZMF6d_YY

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