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Spleen

— Je ne ne touche plus de peau que la mienne, n’ausculte de corps que le mien, ne fleure d’odeurs corporelles que les miennes, n'étant jamais resté aussi longtemps avec moi-même. Ce n’est ni désagréable, ni monotone, ni ennuyeux. Cela peut durer encore, mais il faudrait que cela dure longtemps : un an, comme cet écrivain qui raconte son année de repli volontaire entre quatre murs pour provoquer l’écriture qui jusque-là n’advenait pas, ne sortant qu’une fois par jour pour un paquet de cigarettes et quelques courses, mais silencieux toujours à l’extérieur, ne disant plus bonjour. Il avait coupé son téléphone, ses amis étaient prévenus. Un an sans parler. C’était avant les réseaux sociaux. Aucune interaction. Échanges limités à quelques transactions routinières et silencieuses.

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— Mon cher, vous connaissez ma terreur des voitures, des vélos et des trottinettes. Tout à l’heure, comme je traversais le boulevard, à grande hâte, et que je sautillais dans la boue, à travers ce chaos mouvant où la mort arrive de tous les côtés à la fois dans le silence des moteurs électriques, mon masque, dans un mouvement brusque, a glissé de mes oreilles dans la fange du macadam. Je n’ai pas eu le courage de le ramasser. J’ai jugé moins désagréable de respirer l’ai virulent que de me rompre les os. Et puis, me suis-je dit, à quelque chose malheur est bon. Je puis maintenant me promener à visage découvert, faire des actions basses, et me livrer au baiser du premier inconnu, comme un simple mortel. Et me voici, tout semblable à vous, comme vous voyez !

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