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Gobe-la-lune

dua lipa

 

La pochette du CD est en carton. Elle s’ouvre comme celle d’un double vinyle. À main droite le disque ; à main gauche un livret noir avec les paroles en minuscules caractères blancs, presque indéchiffrables à mes yeux embrumés.

Les icônes se succèdent mais cohabitent dans le flux des discothèques numériques. Celle-ci est arrivée au monde l’année de mes vingt ans. J’ai découvert ses chansons en même temps que ses métamorphoses à l’écran. Son regard dans l’objectif est celui de sa génération qui devine les millions et  les milliards d’observateurs, pariant sur leur amour, acceptant toutefois la haine et son expression prévisible. C’est une immédiateté contrôlée, un contrôle souriant, un sourire tirant volontiers la langue. Je l’écoute en boucle.

Elle conduit une voiture au design futuriste, de ce futur fantasmé au milieu du siècle dernier dans le style Googie. Nostalgie du futur, titre de l’album, concept séduisant, vain jeu de mots qui trompe la raison, lui faisant croire, comme le Soleil noir de la Mélancolie, en un dépassement subtil de ses troubles, de ses impasses, de sa paresse. — C’est ici la Lune bleue de la Nostalgie, les cheveux aussi blonds que noirs, les boucles d’oreilles dépareillées et les gants blancs à la dissymétrie raffinée. C’est un peu la Fureur de vivre à l’ère du gainage et du girl power, une fureur de vivre privée du saut dans le vide : Let’s get physical.

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