Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • J'ai acheté une brosse en poils de sanglier et le dernier livre d'Eric Chevillard

    Comme l'époque, à laquelle nous avons résolu de ne plus résister, nous fait envisager toute chose, dans une sorte de perception seconde, à travers l'écran de notre téléphone, nous nous disons, considérant l'éclectisme de notre achat, que la première, posée sur le second (celui-ci d'un format assez grand, et celle-là plutôt petite ; l'une sombre, l'autre ivoire) feraient une photographie aussi déconcertante qu'un livre d'Eric Chevillard. Le brossage requiert beaucoup d'attention, et, ayant lu le premier chapitre, et ne parvenant aussi à y démêler le sérieux du grotesque, l'événement phénoménologique de la supercherie discursive, l'expérience relativiste la plus troublante du gag littéraire le plus farfelu, nous en sommes à nous demander si ce sont les poils qui glissent sur nos cheveux ou l'inverse.

  • C'est une vaste solitude occupée de poésie, de chanson et de rêves érotiques

    Je ne suis pas chez moi mais j’ai trouvé, dans l'appartement qu'on m'a prêté, des compagnons familiers. Je dispose en effet d’un Pleyel et d’un clavier Yamaha que je n’ose débrancher de crainte de perdre les réglages subtils du piano électrique. Je passe de l’un à l’autre et suis surpris chaque fois que je reviens au Yamaha car ma voix alors domine tellement l’accompagnement que j’en arrive à me croire chanteur pour de bon. "À quoi servent tant d’artifices…", dit justement Théophile de Viau dans l’un des poèmes que je ressasse.

    J’ai composé six chansons sans effort ! Tous les textes sont issus d'une vieille édition du Parnasse satyrique de Théophile de Viau, un fac-similé d'une édition de 1640 que je relis sur ma liseuse. Il y en a de drôles et d’amères, de charmantes et de vilaines, de badines et de fangeuses : il y en a pour tous les mauvais goûts. L’envie m’en a pris en écoutant une émission de radio sur Michel Berger, ce musicien qui aurait rêvé d’être un rockeur mais que sa bonne éducation empêchait de porter une barbe de trois jours et de négliger sa mise. Ses mélodies et sa rythmique sont parmi ce que la chanson française a produit de mieux. J’ai aussi réécouté l’album The Resistance de Muse, dont certains morceaux symphoniques me semblent un sommet de la pop sirupeuse anglaise pour laquelle j’ai une passion un peu honteuse. Enfin, les chansons d’Anne Sylvestre m’ont donné certains tours mélodiques et certains accents dans la voix qui ont un peu changé ma façon de fabriquer les mélodies et de les chanter. Mes chansons se font par imprégnation : j'y mets, ou plutôt j'y reconnais ce que les autres m'ont donné, mais c'est évidemment mon style typique, mes trouvailles, et aussi mes imperfections et mes faiblesses techniques que je suis le seul à pouvoir détourner pour en faire quelque chose de singulier et d'intéressant musicalement (c'est d'ailleurs ce dernier argument qui m'a le plus marqué dans le témoignage de l'un des musiciens de Michel Berger).

    En revenant du MacDonalds Luxembourg, un peu avant minuit, j’observais la lune, plus grosse et plus nette qu’à l’accoutumée : elle est actuellement à 357 000 km de la terre au lieu de 384 000 km ! Je ne peux m’empêcher de penser que ma petite folie musicale est influencée par cette pleine lune particulière. La pleine lune, je lui prête toujours quelque motif dans ma vie un peu bancale.