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  • Sa vérité au vent

    C'était un drôle d'anniversaire. Le gâteau figurait un certain Georges. Un personnage de dessin animé. Je dis cela car le lendemain je feuilletai Un certain Plume. Et je feuilletai aussi un recueil jauni d'Alain Bosquet qui me parut si familier que presque j'en pleurai.

    Georges était au chocolat, le gâteau brun recouvert d'une peau rose et d'un habit rouge. Les pieds étaient en pâte d'amande. On rompit le second pied, il y avait deux amateurs.

    Le petit souffla les trois bougies, et les ressouffla. N'y goûta pas, à Georges. Mangea une crème dessert.

    Je fus tout à fait nul. Sur les huit premières questions, je ne comptais que trois bonnes réponses. Je n'avais aucune idée de l'heure de sa naissance, ne connaissais pas tous ses prénoms, m'étais trompé sur l'âge de ses premiers pas, ne connaissais pas son dessin animé préféré.

    J'étais préoccupé par un certain H qui se débattait contre père et médecins. C'était un garçon mais tout le monde ne semblait pas d'accord. Je me familiarisais avec ce drôle de verbe de mégenrer qu'il m'avait fait découvrir. C'était devenu plus clair pour moi : "mégenrage / mais j'enrage !"

    Ce soir-là je fus Monsieur Personne.

    Mais:

    Monsieur Personne
    effacera les villes,
    s'enivrera de vieux royaumes
    comme de vins mal digérés,
    s'inventera une âme...

    C'est du Alain Bosquet.

    Le lendemain, au milieu des passants, un peu en retrait dans un pseudo-café, j'écrivis quelques vers.

    desarrois (2).jpg

  • Tour abolie

    Il fallait d'abord traduire le poème de Guillaume d'Aquitaine en français, puis en anglais. C'était pour les besoins d'un spectacle dont j'ignorais tout. Seul ce poème importait.

    Pour le français, je proposai:

     

     

    Ferai un vers d'absolument rien.

     

     

    C'est ce premier vers qui concentrait toutes les attentions. Certains traducteurs préféraient "un vers de pur néant" ou "de pur rien" comme dans cette version oulipienne.

    yves-noël genod,guillaume d'aquitaine

     

    Pour l'anglais, je proposai une traduction à la manière d'Emily Dickinson:

     

    Will do a Verse out of absolutely Nothing—
    Won't deal with Me nor Other People—
    Won't deal with Love nor Youth—
    Nor anything else—
    I found it sleeping—
    On my Horse—

    Out of what did I make those Verses—I do not know—
    I will transmit Them to the One—
    Who will transmit Them to One Another—
    Over there—towards Anjou—
    So that He can send me from his Case—
    The Counter-Key—

     

    Ici, c'est la contre-clé qui faisait rêver. 

    Contraclau dans l'original.

     

    (Chez Elle, les capitales sont l'attention médusée, l'admiration et l'effroi devant la chose ainsi nommée, si étrangement nommée, et tellement plus étrange encore dans cette épopée du rien qu'est un poème de la main d'Emily.)

     

    Nous en resterions là.

     

    Comme une consolation.