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Orfeo

Le chef d’orchestre était étonnamment beau, et sans doute son cerveau harmonique plus admirable encore que l’enveloppe de sa peau, qui donnait aux reliefs de son squelette et de ses chairs la continuité surnaturelle d’un paysage imaginaire. La harpiste commençait à jouer, le buste penché sur le côté gauche de son instrument, ses bras décrivant des trajectoires précises et gracieuses. On ne concertait pas encore. Elle jouait comme pour elle seule, un rideau de cheveux noirs empêchant de savoir si parfois elle levait les yeux vers le chef d’orchestre dont les mains marquaient un mouvement retenu, prélude à l’extravagance de l’opéra qui se tramait derrière ses paupières closes – mais closes d’une façon telle, paupières souriantes comme le sourire de celui qui domine et goûte tout à la fois la recréation de l’œuvre, qu’elles dessinaient la qualité d’un regard plus vibrant qu'il est humainement concevable.

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