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  • Intérieurs

    Dans cet appartement haut-perché, il y a des murs bleus, mauves, verts, rouges, du velours dans la voix, un lit posé sur une armoire, des armoires qui baillent, un flacon de parfum disparu mystérieusement, une cafetière en aluminium mais lourde, des contes de danseuses, des fluides spectaculaires, quelques minuscules fruits secs pleins de rêves d’énergie, des chevelures profondes, et le temps qui passe sans s’en apercevoir.

    Dans un autre appartement, un plafond bleu nuit sans étoiles, un parquet doré, des fauteuils en rotin, un grand bol de thé, des retrouvailles matinales, et tant de livres sur tous les murs, chapitres de désirs, humeurs et lumières, erreurs et scandales, vies et colères, naissances et ruptures, amours et chants d’amour…

    Ailleurs, les murs et le stuc brûlés d’une scène circulaire, un comédien feuilletant l’écran d’une tablette qui projette sur son visage la lumière d’un texte adoré, le damas cramoisi d’un pyjama de jour, la doublure animale d’une longue pelisse, l’argent incongru des bottes, la blondeur désordonnée des cheveux, et la trame complexe d’une voix décrivant d’innombrables motifs avant les ténèbres.

  • Tendance

    Ici l’on casse le carrelage d’une boucherie abandonnée. La poussière de plâtre ni les débris d’une cloison n’en gâchent complètement les couleurs : le bleu, surtout, persiste à vibrer. Des entrelacs de rubans blancs décrivent et relient des cercles, fleurs joliment rustiques dans la simplicité de leur dessin, ceintes comme médaillons, géométrie florale d’un labyrinthe sans perdition, motif d’une mode domestique qui avait pour principale vertu — c’est du moins ce que je me plaisais à croire jadis en des rêveries qui profitaient du carrelage vert et blanc de ma chambre adolescente — de nier les lignes et les angles droits des carreaux : les mêmes, à peu de choses près, dont,

    là,

    on recouvre le sol d’une nouvelle enseigne de café à l’américaine, où toute l’authenticité apparente des matériaux, l’agencement de l’ancien et du nouveau, du brut et du raffiné, jurent aussi sûrement qu’ils procurent une aise communément partagée.

     

    Quant à moi, je ne mange plus de viande et ne déteste pas le café américain.