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  • Ni sachant ni manant

    DÉTACHÉ MAIS PAS INDIFFÉRENT
    telle est l’épitaphe
    sur la tombe de Man Ray
    c’est ce que j’apprends
    par hasard dans une publication
    de France Culture
    sur mon réseau social

     

    Hier j’écoutais Sud Radio
    comme j’habite dans le Sud
    Brigitte Lahaie interrogeait
    un auditeur pour mesurer
    son quotient sexuel
    c’est permis de parler d’elle dans un poème
    Nathalie Quintane l’a bien fait elle
    la question était
    quel est le contraire de l’amour ?
    l’auditeur hésita
    pensant bien que ce n’était pas la haine
    trop facile trop évident
    Brigitte tergiversa sur le dédain
    disant non il y a encore de la haine dans le dédain
    et la haine c’est encore l’amour contrarié
    la bonne réponse était l’indifférence
    j’aurais pu envoyer ce vers d’Apollinaire
    entre l’amour et le dédain
    mais bon

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  • Servez-vous

    Un grand homme
    dans un bon coin
    ce matin

    un_bon_coin.jpg

    Les livres
    comme des nu-pieds usés
    se donnent

  • Illusions d’optique

    Cherchez un médecin sur votre téléphone
    vous trouvez le docteur Descorps
    le bien nommé
    il s’occupera du bouton qui est apparu tel un minuscule champignon au creux de votre coude
    le ligaturera en vous laissant puérilement fermer les yeux
    vous prévenant de sa brutalité 
    mais finalement vous ne sentirez rien
    sur le coup

     

    Ce soir vous irez vous baigner à la rivière
    mais vous craindrez encore que les chevelures profondes des algues vous gardent prisonnier ou qu’un silure vous frôle

     

    À la surface de l’eau vous observerez une figue trop tôt tombée
    mielleuse figue pas même octobrine
    ni la douceur des lèvres

     

    Demain vous arpenterez encore quelque colline de causse blanc
    ferez une offrande à l’antenne monumentale plantée en son sommet
    admirerez la sobriété de la cathédrale et du pont médiéval
    et si c’est le matin croiserez encore le regard d’une biche inphotographiable
    vous marcherez sur ces marches où les mots jeunesse et reconstruction furent gravés l’an 1965 et l’an 1967
    puis un vieil homme vous invitera dans un sentier forestier inconnu des cartes où il descendra plus habile que vous avec son bâton prudent

     

    Un jour prochain vous chercherez le meilleur angle pour dissimuler la cathédrale dans les arbres moutonnants du boulevard et du lointain
    la cathédrale aux dômes jumeaux
    à la couverture de tuile et d’ardoise fine

    4_cahors_cathedrale_aout_21_2.JPG

    Vous retournerez sur la colline avec l’amant de vos trente-trois ans
    fixerez quelques sourires devant la carte postale de l’horizon
    et chercherez les mots en regrettant de n’être capable de formuler les plus précieux qu’entre les lignes de ce poème

     

    Vous discuterez aimablement en anglais avec un touriste poids-plume chinois résidant en Allemagne 
    qui repassera par ici

     

    Vous ouvrirez la porte à un coiffeur un peu avant neuf heures puisque vous n’allez plus chez le coiffeur

     

    Vous laisserez votre chat patauger dans la douche
    soignerez les plis hauts des rideaux
    rangerez quelques galets dans une boîte à chaussures
    rempoterez une orchidée
    contemplerez à la télévision les villes tentaculaires des hauts plateaux des Andes

     

    Plus sérieusement vous tenterez de comprendre le pied de la lettre et la persistance rétinienne du luth constellé dans le sonnet tant aimé de Nerval
    et méditerez la sentence d’Oscar Wilde qui dit ceci que l’expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs