Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

folie minuscule - Page 33

  • "— J’ai rêvé de toi cette nuit.

    — Et moi d’araignées."

    Il y a un parfum d’air frais dans la chambre, la fenêtre est grande ouverte. Je change les draps, secoue la couverture, chasse les moucherons, recouvre la terre de la sansevière d’un film plastique pour étouffer les bestioles qui pullulent.

    Je noircis ma barbe et mes yeux.

    La voix de Virginie Despentes dans une lecture rugueuse : "Je ne suis pas isolé de toi, et tu n’es pas protégé de moi."

    En marchant vers le parking, je programme la promenade légale du 1er novembre de  14h30 à 15h30, je déplace ma voiture pour que nul ne me reproche d’abuser du stationnement public, puis descends jusqu’à la rivière par un nouveau chemin à pente raide sous les aboiements de deux affreux chiens qui me tueraient sans le grillage qui les retient. Je m’arrête devant des mousses sur un tronc d’arbre. Le pare-brise d’une voiture est recouvert de feuilles mortes.

    "Tes mains feuilles de l’automne."

    De l’autre côté de la rivière, je photographie un jeune pécheur. Tout est vert, brun, jaune et bleu.

    Je reste à la porte du débit de tabac car j’ai oublié mon masque : cela n’empêche pas la transaction. Deux vieilles femmes discutent sur un banc devant la place désertée par la fête foraine : des jeunes y font du skate, maillots trempés de sueur.

    Sans titre (32).png

  • Zen

    Comme le jeune homme veut reprendre sa place dans la file après avoir rempli son formulaire, un vieillard plus dignement sapé que tous les autres patients, ne l’ayant pas calculé, lui intime d’aller au bout de la file. L’incident me tire brutalement de ma contemplation : la fine découpe de l’oreille, le pavillon rabattu par l’élastique du masque, le dégradé parfait du cheveu crépu. La praticienne me tend un mouchoir à usage unique pour que je me mouche avant l’écouvillonnage. Elle me trouve zen. Il n’y a qu’à respirer normalement, je réponds.

    promenade légale du 31 oct. 20 (1).png

  • Emmanuel

    Emmanuel je t’ai couché dans un récit maniaque
    je te l’enverrai dès qu’il sera publié
    tu comprendras ce que j’ai compris
    quand tu rôdais dans ma vie

    Parfois tu resurgis tu penses à moi
    et moi à toi comme je t’ai écrit et réécrit
    habillé incorporé adjectivé
    mais restons-en là car

    Cette histoire ne peut être une perspective
    autre que narrative
    se laissant néanmoins caresser
    par voie électronique