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folie minuscule - Page 34

  • Cou coupé

    L’électricien a relié la maison à la terre. Il a cassé un carreau et découvert un ancien carrelage qu’il a fallu casser aussi. Il parlait tout en travaillant, se parlait à lui-même, puis nous avons discuté. Il a changé quelques prises qui n’étaient pas aux normes, sécurité enfantine. Une fois qu’il est parti, je remets tout en place, pense un instant à l’eau de javel avant de me résoudre à laver le carrelage à l’eau claire, comme d’habitude.

    En sortant de chez moi, ce sont les criardes pomponnettes qui frappent devant le mur de fortification clôturant le cimetière. Des voisins discutent au pied de leurs voitures arrêtées momentanément dans la rue étroite. Les coffres ouverts sont chargés de provisions. Ils commentent la nouvelle signalétique qui permet aux cyclistes de remonter la rue en sens inverse. Cela ne leur plaît guère.

    Un A4 scotché sur la porte d’entrée m’informe que la médiathèque est fermée jusqu’à nouvel ordre. Je repars avec les livres que je devais rendre aujourd’hui : Convulsions et Au commencement était l’adverbe. À la supérette, je saisis puis repose deux bombes d’insecticide après avoir lu le mode d’emploi. Je trouverai un autre moyen de me débarrasser des bestioles qui voltigent autour de mes plantes vertes.

    Le soleil est trop vif pour ne pas ressortir.

    Tracer un cercle autour de ma rue qui porte le nom d’un pape oublié. Se promener dans le rayon d’un kilomètre autorisé par décret. Marcher pour rien.

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    Le soleil est trop vif pour ne pas ressortir, mais cela reste une phrase.

  • Vivo al peccato, a me morendo vivo

    Un dernier film à onze heures, un garçon-chiffon coupé au bol portant un pull rouge au motif moutonnant. "Tu es beau de partout", dit-il à une beauté assise au bord d’une piscine.

    Un dernier verre en terrasse, citron et glaçons, les dernières basses de la fête foraine, les derniers hurlements des corps projetés dans les airs.

    esclave_mourant.jpgEncore un dernier film dans la soirée, Michel-Ange et un immense monstre de marbre blanc, beaucoup de cheveux blancs dans la salle. Je demande à un élève croisé dans l’escalator quel film il va voir : 30 jours max, qui sonne comme l’objectif du confinement automnal. — Michel-Ange : "Je vis pour le péché, je vis en me mourant. Ma vie n’est plus à moi, c’est celle du péché. Mon bien me vient du ciel et mon mal de moi-même, par ce vouloir infirme qui m’a déserté. Ma liberté s’est asservie, ma part mortelle est devenue mon dieu. Ô misérable état ! Pour quel malheur, quelle existence suis-je né ?"

  • Adieu les cons

    L’argile en séchant ouvre plus grand mes yeux, autrement dit mes paupières tombent irréversiblement.

    La libraire prétend avoir eu du mal à me reconnaître à cause de mon bonnet vert, mais elle m’appelle par mon prénom et me donne du tu. Je lui achète Le pur et l’impur. J’ai remarqué l’absence de h dans son prénom.

    La fête foraine bat son plein pendant le discours présidentiel. Des filles engloutissent des gerbes de barbe à papa plus grosses que leurs têtes.

    À cause d’une salopette je m’enferme aux toilettes plutôt que de me déboutonner à l’urinoir. Le film se termine par un heureux suicide.

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