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Le bain

  • Maison de ville avec grenier

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    © Stefano Cipollari

     

    S’abîmer dans la peinture, enregistrer chaque image dans un dossier « peinture », prénom_nom_numéro, plus une lettre minuscule quand le peintre a publié plusieurs étapes de travail : le tracé au crayon, la couleur qui emplit la toile petit à petit, le visage d’abord, où le tableau s’anime. 2009, dernière peinture que je puisse archiver, première publiée. C’est un homme au torse nu, à genoux, les mains jointes vers le regardeur, visage tourné vers lui, l’œil gauche bordé de rouge, un aplat rouge et des coulures rouges sur une partie de la toile restée nue. Propriétés du dossier : cent trente fichiers. Ils défilent déjà dans ma tête en mode diaporama. Baudelaire : « glorifier le culte des images (ma grande, mon unique, ma primitive passion) ». À Bruxelles, il a entretenu une rumeur de pédérastie qui courait à son sujet, confirmant ses détracteurs dans leur bêtise, se plaisant à se faire fuir.

    Il fallait faire quelque chose du grenier qui me semblait habitable avec son lambris blanc posé soigneusement comme pour un décor un peu mièvre de chambre d’enfant, son plancher de bois aggloméré rehaussé sur la gauche et sur la droite : un côté qui sera une chambre d’appoint ; l’autre pour stocker les livres qui n’ont pas trouvé de place dans la bibliothèque ainsi que les cartons d’objets divers dont je ne veux pas m’encombrer au rez-de-chaussée et au premier étage. Au milieu, c’est un assez petit carré mais j’y tiens debout. Il y a un parquet flottant, un radiateur, une fenêtre de toit, des prises électriques. Les premiers temps, je pensais en faire une buanderie : j’y aurais installé la planche à repasser, j’aurais tendu des cordes pour faire sécher le linge. Finalement j’en ai fait un bureau, un espace de concentration. Je n’ai pas eu de bureau depuis bien longtemps. Ou plutôt j’ai évité de travailler sur les bureaux dans les appartements que j’ai loués ces dernières années. Je les regardais, j’en remplissais les tiroirs, mais ils restaient décoratifs, inutilement encombrants. Je préférais travailler sur des tables, cuisine, salle à manger. Ici, mon bureau est très fonctionnel. J’y ai installé l’ordinateur, l’imprimante, le scanneur, des livres, et des images : un portrait héroïque où mon frère m’a représenté en petit soldat sous les pectoraux galbés de mon amoureux à la crinière de mythologie nordique ; une vieille photo en noir et blanc développée sur un beau papier baryté, buste d’une jeune fille au chapeau, yeux papillonnant derrière la vitrine d’un antiquaire ; une impression noir et blanc d’une peinture à l’encre noire de Wenjie Ding, sorte d’Adam à la pomme, presque allongé, musculeux et érotique ; un carton d’invitation pour une exposition de Sophie Calle, message lumineux dans la nuit d’une autoroute d’Île-de-France : « Où pourriez-vous m’emmener ? ».

    J’essaierais de me concentrer davantage mais je ne manquerais pas de me disperser. Baudelaire citant Emerson : « The one prudence in life is concentration : the one evil is dissipation. » En l’occurrence, ce sont mes cheveux qui me maintiennent devant les peintures de Stefano Cipollari. Pour le culte des images, je me drogue à la peinture homoérotique. J’ai enduit mes cheveux d’une sombre pâte de henné. Le jeune homme au bain est très beau, cigarette entre les lèvres, yeux entrouverts, visage au reflet dispersé à la surface de l’eau. Il a le désordre enchanteur. J’ai d’abord écrit : il a le désordre de Rimbaud, mais je me corrige. Son icône continue pourtant de rôder, comme elle se superpose à toutes les figures échevelées à la jeunesse un peu boudeuse. Je pensais au Rimbaud en médaillon de Carjat et à celui dont les témoignages de violence imprévisible et de puanteur appliquée peignent un être repoussant autant qu’adorable. Il a laissé des souvenirs de crasse, mais nulle ablution. Rentrant tard dans l’appartement de Théodore de Banville, se couchant habillé entre les draps propres, les souillant de ses bottes crottées, rendant folle la bonne qui chaque jour changeait le linge. Cependant, rien ne troublait le bleu de l’œil cerclé d’un bleu plus profond. Nulle photographie n’en témoigne : il faut croire les amants. La pause dure deux heures après l’application, les cheveux sous un film plastique qui les maintient humides. Je le regarde regardé par le peintre, et sous la peinture se trouve sans doute un instantané : c’est comme si j’y étais, dans cette salle de bain, en vis-à-vis du beau brun clopant, immergé moi-même, le menton au ras de l’eau. Quand je teinte mes cheveux, j’en profite pour récurer la salle de bain, j’inspecte les angles morts, les joints noircis, les rainures encrassées. Le rinçage du henné est long et pénible car la pâte se désagrège en petits cailloux dont le peigne ni l’insistance du jet d’eau ne viennent à bout complètement. Quand je me suis installé, j’ai scruté pendant plusieurs jours les plinthes, les interstices entre les planches du parquet, et les murs et les marches de l’escalier, guettant des punaises de lit qui ne se sont jamais manifestées. L’opération se termine avec un litre d’eau tiède au bicarbonate de soude puis une solution de vinaigre de cidre fortement dilué : les cheveux sont tout à coup plus souples. Il reste à nettoyer les carreaux maculés des parois et la double porte de la douche, et à nouveau les rainures pour qu’elles retrouvent leur pureté plastique. Ce mec n’en finira jamais de cloper. Il n’aura jamais l’âge ni peut-être l’imbécile délicatesse de se faire une couleur. Ses couleurs passeront peut-être, ternies par la poussière d’une brocante, à moins qu’un collectionneur qui n’est pas encore né y rêve les amours domestiques des années vingt. Demain, Stefano publiera une nouvelle esquisse : un dos courbé, une crête en contre-plongée, des cadavres de bouteilles. Nouvelle scène de genre.

     

  • À quoi rêvent les jeunes filles

    La serveuse leur apporte une immense coupe de glace garnie de crème Chantilly, de fraises, de coquerets du Pérou et d’un cornet planté de travers en son centre. Elles sont cinq jeunes filles qui la prennent en photo avant de l’entamer tout en parlant des couples défaits de leurs parents.

    Auparavant, j’ai croisé C., que j’ai d’abord laissé passer, me demandant si c’était bien lui. Je l’ai rattrapé dans la rue des Teinturiers. Sa chemise blanche était joliment froissée, il ne pourrait pas m’inviter à son spectacle, je ne m’inscrirais pas sur une liste d’attente, n’en ayant pas le courage, certain aussi que ce serait vain, il ne verrait pas mon spectacle non plus car je joue à l’heure tardive où il retrouverait ses jeunes comédiens, on se verrait à Lille sans doute, il y animerait un atelier d’écriture quelques jours chaque mois.

    Je sirote un thé frappé à la figue, mes voisines ont terminé leur glace, un comédien passe de table en table pour recommander son spectacle aux festivaliers, une poêle à la main. Le vent souffle fort sur la Place des Corps-Saints, des guirlandes d’affiches se détachent des platanes.

    Avant de quitter l’appartement, j’ai préparé un kéfir de fruits. J’ai fait comme O., une figue sèche, des quartiers de citron, quelques feuilles de verveine citronnée. Au fond de la carafe, les petites billes blanches, comme des œufs de poisson, mais je me rends compte que j’ai oublié de mettre du sucre dans la préparation, il faudra que j’y pense en rentrant, nourrir les bactéries. Le kéfir, c’est comme le levain, un échange de bons procédés pour le bien de nos organismes. Mon levain chef, je l’ai fabriqué moi-même, mais le kéfir, c’est O. qui l’a demandé à la patronne d’une épicerie, comme nous faisions nos emplettes. Elle nous avait donné rendez-vous le lendemain, et le lendemain, elle nous avait remis un bocal, il n’y avait plus qu’à préparer un premier kéfir. Je l’ai invitée à mon spectacle, c’était un échange. Elle semblait inquiète. Est-ce que je tenais le coup, un tel sujet, la maladie, la mort. Elle pleurerait sans doute. Est-ce que j’aimais les pierres ? Je m’appelais Pierre, c’est ce que je répondis. Elle me recommanda de me procurer une tourmaline noire pour rester ancré, ne pas me laisser posséder par le texte. J’avais pleuré un soir vers la fin de mon monologue, et je m’étais ressaisi. C’était possible de contrôler l’émotion. Elle avait peut-être aussi lu en moi les mauvaises bactéries, celles qui s’installent dans mon corps périodiquement, et qui auraient déjà pu me faire mourir dix fois, et encore il y a quelques jours.

    O. m’a offert un pendentif en tourmaline noire, il a fait un nœud coulissant sur le cordon en cuir. Quand il est parti, j’ai trouvé sur la table le petit sachet en papier dans lequel il avait mis ses boucles d’oreille en labradorite. Toi dont la voix est douce, et douce la parole / Chanteur mystérieux, reviendras-tu me voir ?

  • Folles de Dieu

    J’ai rencontré la folie, je ne l’avais pas vue depuis ma mère, c’était des folles, elles étaient folles de Dieu. Je m’étais assis sur un banc, j’avais à peine eu le temps d’y poser mon sac et mes tracts, une femme m’était apparue, bientôt rejointe par une autre, c’était comme une chorégraphie, une façon de présenter un spectacle peut-être, comme on le voit à tout moment dans les rues de la ville. Il y avait ces rudimentaires croix en bois autour de leur cou, des croix sans grâce, des croix de la passion du Christ, pas des atours. Ce qu’elles dirent au juste en m’abordant, je ne m’en souviens plus, elles avaient des gestes déliés vers l’église toute proche. L’une tenait un cierge blanc, l’autre une petite bougie dans un bougeoir en plastique, elles m’invitaient à entrer dans l’église, à me recueillir, je crus d’abord que c’était une façon de me présenter un spectacle, une de ces parades un peu folkloriques, un peu mauvais goût, mais non, il s’agissait vraiment de me faire entrer dans l’église. On parla longuement, elles croyaient mon âme immortelle, j’étais éternel, c’était une bonne nouvelle, j’allais ressusciter, j’étais baptisé et confirmé, j’avais la grâce de Dieu. Je dis que je n’avais plus la foi, que je ne l’avais sans doute jamais eue, m’étant convaincu, enfant, que je l’avais, mais que cela n’était pas grave ni désespérant, ma matière se disperserait après ma mort, se mêlerait à nouveau au Grand Tout, je disais au Cosmos, je deviendrais racines, tiges, feuilles, fleurs, fruits, graines, et à nouveau racines, tiges, feuilles, fleurs, fruits, graines, je deviendrais limace, je deviendrais chèvre, je deviendrais femme, je deviendrais vin, je deviendrais pierre, je deviendrais sable. J’avais eu la chance d’être là, et d’avoir encore une moitié de vie à vivre. Je dis que j’entrerais dans l’église dans quelques jours, quand mon compagnon m’aurait rejoint, que cela me ferait plaisir d’entrer avec lui dans cette église, lui qui chante des oratorios et des cantates dans les églises. L’éternité, quoi, l’éternité, je dis que c’était un concept que les hommes avaient eu la nécessité de forger pour ne pas mourir de vivre, de la conscience de vivre une vie si brève. On avait le désir, avec mon compagnon, de vivre à la campagne, on cultiverait notre jardin, il y aurait quelques animaux, il fabriquerait des drogues pour réparer les corps et les âmes, je ferais du pain. Elles m’écoutaient, je les écoutais. Elles pensaient que Dieu avait créé le règne animal et le règne végétal pour qu’ils soient agréables à l’homme, je pensais que l’homme avait abusé de son ingéniosité et que sa conscience l’avait conduit à justifier ses bassesses et ses crimes. Elles pensaient que j’avais de la chance de jouer, je leur avais donné un tract de ma pièce, il y avait ces deux têtes d’hommes, leur baiser, j’expliquais mon rituel quotidien, ma préparation à différents moments de la journée, et le rituel du plateau, tous les soirs, le linge blanc, les ablutions, les derniers jours auprès d’un mourant, faire encore l’amour avec un corps malade, s’abandonner encore avant les adieux, et répéter cela tous les soirs. Quand nous nous quittâmes, elles me dirent à bientôt et qu’elles prieraient pour moi, pour mon père, nous étions baptisés, mais elles oublièrent de parler de mon compagnon.

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    © Guick Yansen

  • Nué

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    Il y a une semaine comme une parenthèse, je prends le train pour Tours, je change à Paris, il fait très froid, un lundi, il fait froid, il pleut, le vent circule dans la gare Montparnasse, je descends fumer de temps en temps, j’ai deux heures à tuer, rue du Départ, rue de l’Arrivée. B. m’attend à la gare de Tours, on roule une heure. Sur la départementale, en arrivant, il faut repérer un massif d’arbres, le château est derrière, le château de Nué. Longue allée, puis le château, un petit château en pierre de tuffeau, des losanges sculptés en relief comme sur les toits de Chambord, une tourelle du XVe siècle, de vieux corps de ferme plus ou moins en ruine, un colombier. Cinq comédiens, un metteur en scène, on répète toute la semaine, plusieurs pièces à travailler, le matin je déambule dans les allées, j’apprends Le Bain, parfois je pleure, c’est comme une greffe, le texte en moi. B. me dirige, je l’écoute, je perçois ses respirations, j’interprète ses regards.

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    Je joue un peu sur un vieux Pleyel, les touches répondent mal, je finis par l’apprivoiser, une valse de Chopin, un Bach père, un Bach fils, des improvisations le soir. B. chantonne, il chantonne toute la journée. Je cuisine beaucoup, c’est la vie de compagnie. Vers la fin de la semaine, d’autres comédiens nous rejoignent, on dort à deux par chambre. B. me rejoint. Il se lève tôt, l’odeur du café parvient jusque dans la chambre. Une après-midi, il faut vider le fond de la piscine, ça nous prend toute l’après-midi, des centaines de seaux, la piscine est circulaire, neuf mètres de diamètre, un casse-tête technique, tous ces seaux à remplir et à vider, on se les passe, on fait des chaînes, Pour un oui ou pour un non en italienne, une vingtaine de minutes seulement, en remplissant et en vidant des seaux, à la fin on a les pieds dans l’eau de javel, on glisse.

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    Je fais la liste des débuts de paragraphes du Bain, je la note sur la dernière page du texte, je la note dans mon agenda, il faut tout enchaîner maintenant, je commence à y arriver exactement dans le train du retour.

  • La poire et les aulx

    Achille Mbembe,jean-luc lagarce

    Certains voisinages sont hasardeux. Par exemple, cette poire et ces aulx font-ils bon ménage? Dans le doute, je préfère maintenir entre eux une distance raisonnable. J'ai enroulé les stores, le soleil envahit la cuisine. Je travaille, je mange, j'inhale des vapeurs de barbe à papa, j'observe le progrès des ombres projetées sur les surfaces blanches.

    J'ai rencontré un infirmier, nous sommes voisins, trois-cent cinquante mètres. Nous nous sommes vus hier soir, par hasard. Il est infirmier et aussi président d'une association humanitaire, j'ai dit qu'il devait être quelqu'un de bien. Sa barbe était un peu trop longue, douce cependant. Il devait dormir, il commencerait à cinq heures ce dimanche à l'hôpital.

    J'ai commencé à apprendre le texte, une parenthèse dans la fin d'après-midi, debout dans le salon, au pupitre, à voix haute, en cherchant le phrasé de B. Je n'utilise pas encore le crayon, le texte restera vierge pendant le temps de l'apprentissage par cœur, je préfère. En répétant le premier paragraphe, j'imagine Berlin, je n'y suis jamais allé, ne la connais que par le truchement de la télévision et de l'art, et par le souvenir de quelques témoignages d'amis qui y séjournent de manière intermittente. Avant cela, j'écoutais Alain Françon, à la radio, parlant de la direction d'acteur. Il n'aime pas le mot directeur, préfère dire qu'il accompagne les acteurs. Il évite absolument toute forme d'approche psychologique des textes. 

    Je lis un article d'Achille Mbembe dans Le Monde. Cela fait du bien. Il dit que l'identité n'est pas essentielle, que nous sommes tous des passants, que la réalité d’une communauté objective de destin devrait l’emporter sur le culte de la différence. Limiter ce qu'il appelle la financiarisation de l'existence et faire échec aux formes nouvelles de la guerre. Propos d'un philosophe camerounais, cela fait du bien.

  • Juillet 93

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    J'ai copié soigneusement le texte. Soigneusement, mais avec quelques moments ailleurs. C'est fait. Le texte est posé sur le pupitre. Il y a cette lyre, un peu ironique. En copiant le texte, j'ai pensé à ces années, les années d'après la chute du Mur, j'étais au lycée, j'ignorais tout de ces aînés en écriture et en amour. J'avais bien feuilleté, au sous-sol d'une librairie, l'album de photographies d'Hervé Guibert. Dépôt légal: juillet 1993, l'année de mon bac, le mois de mon anniversaire. Dix-huit ans. L'avais-je feuilleté cet été-là?

    Il y a une bibliothèque qui me fait penser à celle de R.: trois étagères blanches encombrées, livres droits et penchés, livres à l'horizontale, et tant de portraits, visages d'hommes principalement, photographies, cartes postales, six autoportaits de Rembrandt, un Christ, une Tour de Pise, une chute d'Icare, peut-être. La partie inférieure des étagères est plus profonde, ce sont les livres d'art, Balthus, et les livres de voyage, Berlin, qui me ramène au texte. La photographie est datée de 1987.

    Aujoud'hui, ce sont les photographies du "fiancé" que je contemple, ce regard voilé, la matière du voile et ce miroir au cadre de bambou sur le mur du fond, cette bassine sur le sol, et ce bidon en plastique.

    J'ai acheté le livre vers 2010, dans mes années parisiennes. Ce n'était pas une réédition. J'y ai retrouvé la photographie qui m'avait fait penser, en le feuilletant à la sauvette, la première fois, ce livre neuf d'un déjà mort, que je devais vivre à côté de ma vie, cette photographie qui me fait penser, maintenant, que j'aurais dû penser cela, que j'ai pu penser cela, car je ne parviens pas à formuler ce qui m'avait traversé devant cette page, il y a vingt-cinq ans, si ce n'est une impossibilité, un interdit, le désir en noir et blanc, décapité, pure chair sur drap blanc.