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wenjie ding

  • Vivre sa vie

    Vivre sa vie, je ne savais même pas que c’était un film.

    La vie est protocolaire, numérisée, vérifiable.

    Chateaubriand écrit que Cicéron avait raison de recommander le commerce des lettres dans les chagrins de la vie.

    J’ai arrêté de lire et me nourris d’images viriles, préférant celles qui viennent de Chine car je les vois en temps réel, l’encre à peine séchée. Les amants sont séparés par le fleuve mais ils boivent la même eau.

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    © Wenjie Ding / Portrait de Tony sur un poème mélancolique de Li Zhiyi.

  • Pattaya

    Il poste des photos de Thaïlande et les présente comme une lettre du Sud. Sur la première photo, il avait au poignet une montre achetée 20 yuans au marché noir ; il était 18h10 ; il prenait des photos. Comme deux amis qui voyageaient avec lui se faisaient racoler pour un spectacle de shemales, il en profita pour marcher au hasard dans la chaleur étouffante, et finalement s’asseoir par terre.

    wenjie ding

    Never been out of Europe
    6.10 pm in Pattaya
    Unframing and reframing one’s memory

    Une autre vie que la mienne
    Un autre pays que le mien et le sien
    Une autre langue que la mienne et la sienne

    Ici l’air est irrespirable et la langue est malade
    The only thing we have to fear is fear itself she said

     

    [Rewriting and framing and dreaming Wenjie’s memories.]

  • Encre

    Il fait noir dehors, c’est lune décroissante ; au bord de la fenêtre une paire de mains comme d’un intrus ou d’un amant qui voudrait entrer incognito ; un homme de dos fixe les mains, il est à table, boit un café fumant ou un thé, fesses et cuisses charnues pesant sur la fine structure métallique d’une chaise dont le siège et le dossier semblent de corde ; un autre homme assis en face de lui, légèrement décalé, regarde dans l’autre direction, une tasse fumante dans la main droite, le coude calé par le poignet de la main gauche où se consume une cigarette, ses pieds dépassant sous la nappe. Son expression est aussi impénétrable que le visage de Wenjie. Est-il inconscient de ces mains qui annoncent l’intrusion prochaine ? Attendent-ils un amant ? — Je suis idiot : l’intrus est un esprit.

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    © Wenjie Ding, L'esprit sous le clair de lune