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Le festin

"Il faut changer la pile, mais pourriez-vous aussi ôter les poussières du cadran ?" Il allait voir ce qu’il pouvait faire. Je lui avais aussi demandé un passant pour une autre montre au bracelet fatigué. Les fournisseurs ne fournissaient plus les passants séparément. Il avait bien un stock de passants de seconde main, des restes de vieux bracelets laissés par des clients. Je ne trouvai rien qui fît l’affaire. Il lui fallait un peu de temps pour nettoyer le cadran. J’avais rendez-vous à la banque juste en face. Je reviendrais plus tard, la montre serait prête.

À la bibliothèque de la gare, meuble en plein air coiffé d’un toit pentu et fermé par des carreaux coulissants en plexiglas où l’on peut déposer et prendre ce que l’on veut — car les livres, qui ont perdu leur auréole, ne se monnayent plus guère —, j’avais choisi Salambô. Le festin me subjugua dans le train, j’en goûtai la prose dense et bariolée — voyez ces archers de Cappadoce qui s’étaient peint avec des jus d’herbe de larges fleurs sur le corps !

La brume se leva vers midi d’après ma montre. Un journal avait titré sur l’assèchement des châteaux d'eau. Je broyai un navet, une carotte, du céleri et une tige de rhubarbe. Versai la purée dans une chaussette à thé. Le jus vert coulait sur mes mains tandis que je pressais la poche gonflée. J’en remplis un grand verre. — Depuis quelque temps, je faisais grand cas de l’assimilation des minéraux.

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