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Rien sans peine

Première vision de la journée : sur Facebook, des images tournées dans la nuit à Villeneuve-la-Garenne, des échauffourées, un journaliste sans carte de presse qui filmait les rues, smartphone en main, commentant ce qu’il voyait, entendait, les gyrophares des camions de police — un policier l’a menacé, il lui demandait de rentrer chez lui, ne voulait rien entendre au droit de filmer, n’ayant aucune considération pour un journaliste sans carte de presse, on entendait soudain des cris, l’image bougeait, suivie en direct par deux mille personnes, c’était des traînées lumineuses, et l’image finissait par se renverser dans les cris d’un homme battu.

 

Une note de Sylvain Tesson en janvier 2014 dans Géographie de l’instant :

"La pensée collective est stupide parce qu’elle est collective : rien ne peut franchir les barrières du collectif sans y laisser, comme une dîme inévitable, la plus grande part de ce qu’elle comportait d’intelligent." Toujours se répéter cette phrase du Livre de l’intranquillité de Fernando Pessoa quand on assiste à une manifestation de rue, un mouvement de foule, qu’on découvre un sondage, une pétition ou une page Facebook. On peut aussi se pénétrer de la pensée de Simone Weil qui voyait dans la collectivité "cet être abstrait mystérieux, inaccessible au sens et à la pensée" et ne concevait d’espace pour la liberté qu’au seul étage de l’individu. Seul hic, la majorité des gens partage ces pensées.

Il est tombé en disgrâce dans les médias. C’est sur Facebook précisément que j’ai découvert la polémique suite à ses déclarations sur les gilets jaunes qui "font moins les malins" en temps de crise sanitaire. Il a été maladroit, aurait mieux fait de se taire — est écrivain : pense dans le silence de l’écriture et non dans la parole proférée — tout son art est dans la chute de la dernière phrase, ce "seul hic" qui ne franchira jamais les portes étroites des réseaux sociaux et de leurs affects viraux.

 

Tandis que le prix du baril de pétrole chute au dessous de zéro pour la première fois dans l’histoire de la colonisation du monde, que Pablo Servigne commente : "Les producteurs paient pour refourguer leur or noir", que Les Échos confirment ce que j’ai encore du mal à comprendre : "Concrètement, cela veut dire que les producteurs payent 37 dollars pour donner leur baril de pétrole", le Manuel d’Épictète n'a jamais cessé de remettre les pendules à l’heure :

Dès qu’une image vient te troubler l’esprit, pense à te dire : "Tu n’es qu’image." 

 

J’ai trouvé une traduction de 1544 dans un fac-similé à mon goût. Ne disant rien, la préface dit tout :

N’attends ici autre prologue du translateur, ni épîtres postliminaires, nuncupatoires, dédicatoires, garrulatoires, et occupatoires, que le titre du livre.

Rien sans peine.

Point barre.

Imago est imagination et non image :

épictète

 

 

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