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    Des jours que j’ouvrais au hasard
    le recueil d’un seigneur ermite
    et soudain le

     

    Gris foncé —
    couleur sale et froide
    de vos dimanches

     

    car

     

    terne — la palette des sentiments
    alors que le soleil —
    brillant

     

    et

     

    comme la vie n’était pas littérature
    je mis à la corbeille tous les messages trop bien écrits
    malgré de vains efforts de sincérité —
    c’était comme un désert

     

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  • Toute chose animée

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    Ici
    ne
    sont
    que
    paroles sans épices

     

    Je fouine
    quelques dizaines de milliers de lignes de chiffres

     

    Ah mais
    le photographe
    ce que c’est qu’un œil étoupé
    un résidu d’os
    une ombre d’homme
    quand cent mille meurent

     

    Je balance entre amour et téquila
    pégase et vache
    Yang-Tsé-Kyang et postérité

  • Hrlmnt

     

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    © Lou Le Cabellec

     

    (Se) (ré)chauffer. (Re)priser et patienter. Être patient, pâtir, paître (envoyer). (Re)nier, (se) négliger.

     

    Parler (au lac, au temps, à l’éternité, au néant).

     

    (Dé)finir (affect, concept, percept) : (en) finir.

     

    Vérité (un mot). Nuance (seule fiance).

     

    Musique (cérébrale, potentielle, inaudible) : symphonie intérieure.

     

    Mute / mute.

  • Oblitération

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    "...il aperçoit d’un endroit à l’autre de l’étendue de sa vision remuer d’une façon particulière une sorte de petits signes, assez peu marqués, translucides, à formes de bâtonnets, de virgules, peut-être d’autres signes de ponctuation, qui, sans lui cacher du tout le monde l’oblitèrent en quelque façon, s’y déplacent en surimpression, enfin donnent envie de se frotter les yeux afin de re-jouir par leur éviction d’une vision plus nette."

     

     

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  • Vivre sa vie

    Vivre sa vie, je ne savais même pas que c’était un film.

    La vie est protocolaire, numérisée, vérifiable.

    Chateaubriand écrit que Cicéron avait raison de recommander le commerce des lettres dans les chagrins de la vie.

    J’ai arrêté de lire et me nourris d’images viriles, préférant celles qui viennent de Chine car je les vois en temps réel, l’encre à peine séchée. Les amants sont séparés par le fleuve mais ils boivent la même eau.

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    © Wenjie Ding / Portrait de Tony sur un poème mélancolique de Li Zhiyi.

  • "— J’ai rêvé de toi cette nuit.

    — Et moi d’araignées."

    Il y a un parfum d’air frais dans la chambre, la fenêtre est grande ouverte. Je change les draps, secoue la couverture, chasse les moucherons, recouvre la terre de la sansevière d’un film plastique pour étouffer les bestioles qui pullulent.

    Je noircis ma barbe et mes yeux.

    La voix de Virginie Despentes dans une lecture rugueuse : "Je ne suis pas isolé de toi, et tu n’es pas protégé de moi."

    En marchant vers le parking, je programme la promenade légale du 1er novembre de  14h30 à 15h30, je déplace ma voiture pour que nul ne me reproche d’abuser du stationnement public, puis descends jusqu’à la rivière par un nouveau chemin à pente raide sous les aboiements de deux affreux chiens qui me tueraient sans le grillage qui les retient. Je m’arrête devant des mousses sur un tronc d’arbre. Le pare-brise d’une voiture est recouvert de feuilles mortes.

    "Tes mains feuilles de l’automne."

    De l’autre côté de la rivière, je photographie un jeune pécheur. Tout est vert, brun, jaune et bleu.

    Je reste à la porte du débit de tabac car j’ai oublié mon masque : cela n’empêche pas la transaction. Deux vieilles femmes discutent sur un banc devant la place désertée par la fête foraine : des jeunes y font du skate, maillots trempés de sueur.

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