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  • Que faire

    carte_postale_cahors 30 nov. 20.png

     

    Je pourrais photographier chaque matin la fumée cotonneuse s’échappant d’une maison voisine pour observer les rayons variables du soleil rasant

    les verts et les bleus de la rivière dont le méandre enlace la ville

    par endroit l’écume empressée

    une branche esseulée

     

    s’y reflétant

     

    le pont ancien aux allures de carte postale
    qui est un peu la Tour de Pise locale

     

    et plus loin la Maison de l’Eau
    sa porte de bunker joliment arrondie

     

    Ce seraient des pansements des béquilles
    de nouvelles routineries

  • Correspondance III

    montaigne

     

    Lire Montaigne au cimetière
    est un projet raisonnable
    mais l’édition que je chéris
    a dû s’égarer

     

    Je prévois le soleil et un banc
    un carnet et de la nicotine
    et de faire le ménage
    en mon cerveau

     

    Nous tournoyons
    revenons sur nos pas
    la rivière est pérenne
    elle est inconsolable

     

    Amis devinons-nous
    n’ayons aucun projet
    qu’une heure de lecture
    il y a 425 ans

  • Gobe-la-lune

    dua lipa

     

    La pochette du CD est en carton. Elle s’ouvre comme celle d’un double vinyle. À main droite le disque ; à main gauche un livret noir avec les paroles en minuscules caractères blancs, presque indéchiffrables à mes yeux embrumés.

    Les icônes se succèdent mais cohabitent dans le flux des discothèques numériques. Celle-ci est arrivée au monde l’année de mes vingt ans. J’ai découvert ses chansons en même temps que ses métamorphoses à l’écran. Son regard dans l’objectif est celui de sa génération qui devine les millions et  les milliards d’observateurs, pariant sur leur amour, acceptant toutefois la haine et son expression prévisible. C’est une immédiateté contrôlée, un contrôle souriant, un sourire tirant volontiers la langue. Je l’écoute en boucle.

    Elle conduit une voiture au design futuriste, de ce futur fantasmé au milieu du siècle dernier dans le style Googie. Nostalgie du futur, titre de l’album, concept séduisant, vain jeu de mots qui trompe la raison, lui faisant croire, comme le Soleil noir de la Mélancolie, en un dépassement subtil de ses troubles, de ses impasses, de sa paresse. — C’est ici la Lune bleue de la Nostalgie, les cheveux aussi blonds que noirs, les boucles d’oreilles dépareillées et les gants blancs à la dissymétrie raffinée. C’est un peu la Fureur de vivre à l’ère du gainage et du girl power, une fureur de vivre privée du saut dans le vide : Let’s get physical.