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folie minuscule - Page 120

  • (car je songe volontiers que je songe)

    "Je songe parfois à écrire mes mémoires. Au fond, à quoi bon? L’histoire d’une vanité et d’un naufrage, ça ne vaut pas l’encre pour l’écrire. Que les hommes renversés sont pathétiques! Que j’adorais le raffinement de mon château, les gracieuses arabesques de mes parterres, mes cascades et mes nappes d’eau! Ne reverrai-je jamais mes orangers? Qu’est-ce qui nous conduit à nous détruire ainsi? Quelle forme de vanité allume notre suprême ambition et nous pousse à dramatiser la risible leçon de l’anéantissement?"

    Nicolas Fouquet
    Le Songe de Vaux

     

    "Mon blog est exagéré. J’aimerais beaucoup écrire des choses plus exagérées (inventées). Quand j’en écris, je suis content car elles me semblent plus vraies. Alors ça donne des choses un peu étranges quand mon père y fait allusion: "J’ai lu dans ton blog…" Je lui donne des précisions, je ne sais pas sur quoi: j’ai oublié à peu près les circonstances et j’ai oublié comment je les ai décrites. Mais je sais que tout est à peu près faux. "J’ai lu dans ton blog que tu avais hérité de costumes Yves Saint Laurent…" Euh… C’était probablement un rêve… A propos de rêve, je rêve toutes les nuits, en ce moment (enfin, le matin, j’imagine, puisque je m’en souviens), que je fais des mises en scène. Elles sont merveilleuses, inouïes, des apparitions. Je file du mauvais coton si je me mets à rêver au lieu d’agir, Marguerite Duras ne serait pas contente."

    Yves-Noël
    Comme nous tous faisons une œuvre de notre vie…

     

    "Mon âme me déplaît de ce qu'elle produit ordi­nairement ses plus profondes rêveries, plus folles et qui me plaisent le mieux, à l'impourvu et lorsque je les cherche moins, lesquelles s'évanouissent soudain, n'ayant sur-le-champ où les attacher; à cheval, à la table, au lit, mais plus à cheval, où sont mes plus larges entretiens. J'ai le parler un peu délicatement jaloux d'attention et de silence, si je parle de force: qui m'interrompt m'arrête. En voyage, la nécessité même des chemins coupe les propos; outre ce, que je voyage plus souvent sans compagnie propre à ces entretiens de suite, par où je prends tout loisir de m'en­tretenir moi-même. Il m'en advient comme de mes songes; en songeant, je les recommande à ma mémoire (car je songe volontiers que je songe), mais le lendemain je me représente bien leur couleur comme elle était, ou gaie, ou triste, ou étrange; mais quels ils étaient au reste, plus j'ahane à le trouver, plus je l'enfonce en l'oubliance. Aussi de ces discours fortuits qui me tombent en fantaisie, il ne m'en reste en mémoire qu'une vaine image, autant seulement qu'il m'en faut pour me faire ronger et dépiter après leur quête, inutilement."

    Montaigne
    Essais, Livre III, Chapitre 5, "Sur quelques vers de Virgile"

  • Le rêve de vol

    "La grande nuit, on lit des magazines. On a acheté des magazines. J’ai envoyé tout le monde au bourg. Il fait si froid, si gris. Quelqu’un a dit dans le village, Moi, j’ai connu la neige tous les mois de l’année. La neige, elle parle, elle mugit, elle vit. Elle roule autour de la caravane. Il faut passer le col. Le col enneigé. Il est tout seul dans la nuit. Il ne voit pas la route. Il y a des bâtons dans la neige pour voir la route (pour suivre la route effacée). C’est la nuit, c’est la pluie. La rivière qui était sèche (il a fait jusqu’à trente degrés) recueille l’écoulement de la pluie, comme une grande gouttière. Mais qu’est-ce qu’elle dit que je ne connais pas? Je ne peux pas écrire comme ça sans connaître. Est-ce que je peux dire là que je pense à Pierre? Oui, beaucoup. C’est dingue. Sais pas pourquoi. Je lui écris des choses que je me retiens de lui écrire. Que je pense à lui toujours, le soir, dans la caravane. Si nous étions ensemble, ça ne changerait rien. Comme nous ne sommes pas ensemble, ça ne change pas non plus. Pierre. Je me disais, Moi, je sais ce que c’est qu’un artiste, oh, non, ce n’est pas moi, moi, je sais ce que c’est. C’est Pierre. C’est le seul artiste que j’ai jamais rencontré. En un sens. Je le pense, oui. Je le sais. J’aimerais bien continuer Barbara avec lui. Parce que c’est ça, le fond de cette histoire, c’est de travailler avec lui, de le toucher, lui. Je pensais à lui aussi à Gennevilliers, à lui à la flûte. Oui, c’est le seul artiste que j’ai jamais rencontré – mais qui peut s’en rendre compte? Pas grand monde, non. Moi. Oui, moi.

    «Je t’aime toujours, chaton. J’aimais bien la parenthèse de ton amour dans ma vie.»

    C’est dommage que les homosexuels soient si attachés au sexe. Moi, je suis attaché à l’amour et au sommeil. J’aimerais bien qu’il vienne redormir à la maison. Mais il n’aura pas le temps. Travail et sexe – sont attachés les homosexuels. Moi, tout le reste. Ni le travail ni le sexe. Non: le mugissement du sommeil. Pierre est un artiste. Il dort bien."

    Le dispariteur

  • Whore

    "Pas beaucoup de plaisir dans ma vie. Peu d’estime de moi. Pas de croyance dans le fait que cette vie vaut d’être vécue avec énergie et volonté, juste avec grâce, avec une touche d’ivresse, mais pour finalement servir à quoi?

    Je me réfugie dans le pseudo-désir que j’inspire. C’est stupide, ça ne résout rien, ça me donne juste une raison d'exister. Ce n’est pas avec cette absence majeure de construction que je vais poser un regard heureux sur ma vie dans quelques années. Mais comment juger l’intérêt d’une vie ?

    Est-ce au nombre de fois où on a dit je t’aime?

    Est-ce au nombre de regards envieux qui se sont posés sur ton corps?

    Est-ce au nombre de réussites dont on se sent fier, même si c’est finalement à tort, par usurpation?

    Quelqu’un a-t-il une vie de rechange? La mienne est vide, faut que j'en trouve une nouvelle."

    Source: http://whore.20six.fr/