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folie minuscule - Page 125

  • Un petit texte pour toi

    "Je les accueille en ce moment, mon cul est une porte d'église, pour tous ces chibres égarés, ils retrouvent le noir, pulsion de mort, je ne pense qu'à me suicider, j'ai même tout ce qu'il faut et puis non! Je laisse ma tête et mes seins hocher, hoqueter sous les coups de reins, ça fait du bien, leur vie qui entre en moi, je rentre dans l'énergie du monde, je suis vivante, je cherche la chaleur de ces corps. J'adore avoir le cul en l'air, ne rien voir et sentir cette énergie qui me pousse, qui s'en va et qui revient: un psychologue, un architecte, un poète, un ingénieur, ils sont tous reçus avec douceur et générosité, je m'offre, je les écoute: "on le fera encore?", je n'en sais rien, je suis de passage, de passage dans l'énergie cosmique, ils admirent la douceur de mes seins et de mon sexe. Venez tous, je vous offre ce que vous voulez, entrez, sortez, revenez, le mouvement est pur. Mes cheveux sont tombés depuis que tu m'as laissée, je pense à toi sans cesse et tu t'en moques, tu t'en cognes! Tes yeux sont des orchidées vénéneuses. Je n'ai pas osé te parler encore, j'ai peur de troubler l'instant fragile d'une rencontre, je te dirai les mots bleus, ceux qu'on dit avec les yeux, je t'aime. Mais qu'est-ce que c'est qu'une pute? La fille qui est mariée et qui rêve de se faire baiser par son plombier ou par son boucher, est-ce que c'est une pute? Quand est-ce que les gens comprendront une bonne fois pour toutes que baiser c'est de la merde, qu'il y a une seule chose très belle c'est de baiser parce qu'on s'aime tellement. Moi j'accueille l'énergie du monde, pulsion de vie et puis un homme viendra et m'aimera, et qui me fera un enfant. En attendant, ils entrent."

    Estelle A.

  • Variations infinies de la vie

    "Telle phrase musicale est pour moi un geste. Elle s'insinue dans ma vie. Je me l'approprie.

    Les variations infinies de la vie sont essentielles à la nôtre. Essentielles par conséquent aussi au train habituel de la vie. L'expression consiste pour nous dans l'imprévisibilité. Si je savais exactement quelle grimace un tel portera sur le visage, quel mouvement il fera, alors il n'y aurait ni expression du visage, ni geste. - Mais cela est-il juste? - Je puis pourtant bien écouter sans cesse à nouveau un morceau de musique que je sais (entièrement) par coeur; et il pourrait même être joué sur un carillon. Les gestes qui sont les siens restent pour moi des gestes, bien que je sache toujours ce qui va arriver. Et même je peux bel et bien en être surpris à nouveau chaque fois. (En un certain sens.)"

    Ludwig Wittgenstein, Remarques mêlées, Flammarion, Paris, 2002.

  • The biggest french pig ever

    "He is the biggest french pig ever, I can't believe it", on se retrouvait sur le quai, Kate et Felix épiloguaient sur l'incident, et plus loin Yves-Noël, Rémi, et cette dame, cette femme, je ne sais comment dire, qui accompagnait Rémi et qui ne m'avait pas été présentée, danseuse, écrivain je crois. Plus tard, dans le métro, Yves-Noël remarquait ses chaussettes dépareillées, l'une grise, l'autre rouille, et un homme assis à côté d'elle suivait la conversation, visiblement amusé. On avait parlé des chaussures de Kate aussi, Martin Margiela, cuir clair et souple, mais impossibles à décrire.

    Il y a toujours ce moment, dans la première partie, où Kate s'essuie les pieds d'un air dégoûté avant de chausser ses santiag, la culotte est tantôt rose tantôt impression léopard. Le moment où elle ramasse le soutien-gorge de Marlène et dit au public "c'est pas à moi" (rires). Et aussi: "c'est ma secrétaire, j'aimerais vous dire qu'elle est bien mais c'est pas vrai, c'est tellement dur de virer les gens en France".

    Il faut dire que Felix avait un ticket de métro mais qu'il ne l'avait pas utilisé, s'était faufilé derrière Kate comme un black du neuf trois vous demande s'il peut passer avec vous, et vous sentez un corps étranger derrière vous, mais là Kate ne s'était rendu compte de rien, et le contrôleur lui était tombé dessus, Felix, il a failli passer la nuit au poste, le billet de cinquante euros qu'avait fini par tendre Kate l'avait sauvé. "If I had been alone and not drunk, I would have run away", il aurait bondi comme il le fait dans le spectacle, le contrôleur n'aurait rien pu faire.

    Ce matin Yves-Noël disait qu'il faudrait encore lutter, les techniciens avaient mis des gélatines sur les Svoboda, question de sécurité, une ampoule avait éclaté mardi soir au cours de la deuxième partie, morceaux de verre répandus sur le plateau, mais avec les gélatines la lumière était moins dorée maintenant, c'était moins beau, alors il faudrait négocier.