Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 5

  • Le bonheur est toujours un échange

     

    ou 

    dans les choux

     

    ou 

    la pute, la danseuse et la reine

     

     

    Avant d’aller au marché, j’ai scrollé les actualités sur Facebook : des stylos rouge sang, un nouveau mensonge d’arracheur de dents du ministre de la santé, des publicités pour des masques chirurgicaux à acheter par lots de cent, et d’autres, plus sophistiquées, pour des masques urbains prêts à se fondre dans le chic du premier costume déconfiné, et des visières, casquettes-visières, chapeaux-visières, bobs-visières, visières anti-UV aux bruns dégradés qui vous protégeront élégamment dans les rues infectées comme le ferait la vitre teintée du plus désirable SUV. — Puis ce témoignage d’une femme qui travaille dans un centre d’écoute téléphonique, elle relatait les appels de détresse des prostituées du Bois de Boulogne, une jeune fille de l’Est, le pays n’était pas précisé, elle était arrivée en France à l’âge de quatorze ans, j’aimerais me souvenir de son prénom, elle n’avait pas vu son maquereau depuis le début du confinement, il ne l’avait pas payée, elle continuait de faire des passes, n’avait plus de toit, dormait dans le bois, se lavait avec des bouteilles d’eau, elle toussait au téléphone, certains clients portaient un masque, lui en donnaient, l’un deux lui en avait même confectionné un avec du papier toilette, la plupart s’en passaient, et puis une autre fille avait appelé, la première était morte, le corps immobile dans une allée du bois, elle est morte hier, et quelques minutes après que j’ai partagé ce témoignage, le post a disparu du réseau, je l’ai recherché sur la page de l'ami qui l’avait partagé quelques minutes avant que je le partage à mon tour, il n’y était plus non plus, juste ce message indiquant que le contenu avait dû être supprimé par la personne qui l’avait initialement publié, mais pourquoi ? Les prénoms de ces filles qui les exposaient, le risque d’une descente de police, la surveillance orwellienne du réseau ?*

    Lire la suite

  • Bulle

     

    Ce qui suit est une scène téléphonique.

     

    Je ferme les yeux. Les images vont arriver, les décors vont arriver. Accueillez les images comme elles viennent. Je vois en face de moi un homme qui joue au golf. C’est très étonnant. Il est dans une autre dimension. Il est dans un monde où il est coupé du reste du monde. Je le vois d’une autre planète. Il joue au golf et il est tout seul. Il a des gestes répétitifs. Ils est très précis dans ses gestes. Il pose sa balle blanche sur un petit truc. Il y met son intention, son intention étant de viser plus loin, après il envoie la balle, mais il fait ça tout le temps. C’est comme s’il tournait en rond, dans cet instant où il met son intention, mais ça ne fait rien dans la réalité. On me dit que c’est une boucle temporelle que vous avez. C’est comme s’il fallait réveiller une partie de vous. Cet homme, vous pouvez le contacter en rêve. C’est comme si je vous voyais en train de dormir et qu’il était quelque part en vous… C’est comme s’il fallait le réveiller et dire : "hé ho, t’es dans une bulle, là, il va falloir te réveiller ! T’es dans une bulle intemporelle et tu tournes en boucle…" Lui, il ne sait pas qu’il répète le même mouvement depuis… En tout cas, c’est une histoire que votre égo en partie se raconte. Il est tout seul, il n’y a vraiment personne autour de lui, il n’y a même pas d’animaux. Il n’a même pas remarqué qu’il était seul en fait, c’est vraiment une bulle.

    Et quand j’arrive vers lui et que je pose ma main sur son épaule pour lui dire que je suis là, en fait je le gêne parce que je le déconcentre dans son intention de poser la balle comme il faut. C’est comme un TOC.

    Lire la suite

  • Dérive sur l’injonction à penser "demain"

    — Demain, de mane : au matinde bon matin dans la Vulgate. Où tout commence, tout recommence, se répète ou fait peau neuve. — La poétesse fait un vers pour les dictionnaires : "Hier, c’est le regret ; demain, c’est l’espérance." — Le pompeux poète brosse la fresque du "fier demain" contre le "funeste aujourd’hui". — Mais quand il saisonne en enfer, le voyou ne prononce jamais le mot, même dans "Matin", n’y concédant demain que dans le lendemain, et encore s’en prive-t-il absolument, car "Plus de lendemain, | Braises de satin, | Votre ardeur | Est le devoir." — Je me souviens des poèmes gothiques où l’on dit l’endemain qui sonne comme l’entrain. — J’en découvre un mystique, et c’est l’incantation où notre dernier demain rime quatre fois avec la main. — "Jouis. — Je le ferai. — Mais quand donc ? — Dès demain."