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folie minuscule - Page 8

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    J’ai passé deux jours dans la capitale n’ai pris le métro qu’une fois
    Le reste à pieds rapides comme pieds parisiens
    N’ai pas quitté la rive droite à peine vu la Seine
    N’ai rien écrit nulle étoile soleil et pluie

     

    Dans un théâtre il y avait une farce oubliée depuis trois siècles
    Ça sentait le cheval à cause des écuries juste à côté
    Le lendemain soir c’était un cœur antique dans la Maison des Métallos
    Les poumons de la démocratie sont au stade quatre

     

    L’intérêt d’une rétrospective au Centre Pompidou
    C’est d’approcher la main qui répartit cette matière insensée
    Sur de si grandes toiles d’où émerge ici la main de Dieu
    Là un aigle renversé puis un poète dans un paysage de cercles concentriques

     

    Sinon les vitrines de luxe restent admirables
    Les magasins bio remplacent les Franprix
    Les terrasses pandémiques en style palette ruinent les cartes postales
    J’ai même vu des créatures tout droit sorties d’un vidéoclip de 1982

     

    Naguère quand j’étais parisien je marchais pour faire des phrases
    Des poètes racontent cela marcher à l’aventure rêver écrire
    Les rêveries du promeneur solitaire activité typiquement masculine
    Les nuits de Paris et ces longues pages déambulatoires dans Aurélia 

     

    Je ne le suis plus 
    L’orchestre à la radio me paraît bien incongru
    Le rap dans la voiture me tape sur le système
    Les bruits d’une maison suffisent à marquer le tempo de la routine et du hasard

     

    Un chat m’oblige à parler comme on parle à un chat d’une bête affection
    Je me garde d’en faire un chat littéraire c’est un chat de litière
    Ce matin guettant mon réveil et finalement voulant le forcer
    Il s’assit sur ma tempe comme je sommeillais joue gauche sur l’oreiller

     

    Je dors dans un chalet en kit au milieu du jardin sur un lit de jeune fille
    Le voisin a donné une douzaine d’œufs dont j’ai fait un flan savoureux
    Parfois le ciel ressemble vraiment à un ciel du Nord un ciel des Flandres
    C’est la récompense d’avoir le cœur lourd et le songe creux

     

    Ce fut un dimanche familial dans la maison familiale
    La chaleur d’un four et d’une gazinière
    Réactions chimiques du beurre et du sucre à la surface d’une recette maternelle
    Et ce soir j’ai dissimulé du bleu dans la soupe orange

     

    the_problem_by_ward_graumans_and_david_snellenberg.jpg

    © Ward Graumans & David Snellenberg
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    Alors jusque dans mes retranchements
    seul voilà deux mois seul deux mois
    comme si cela devait durer toujours
    c’est-à-dire trente ans mon reste-à-vivre

     

    À tourner autour du pot des mots des émois
    agiter le mot du remords le mot du regret
    du vent du vent du vent mettre le doigt
    illusoire comme la racine de l’arc-en-ciel

     

    M’aimas-tu dans nos beaux draps
    passé l’événement d’un mois de mai
    et comment t’ai-je si mal si pauvrement
    pour que tes mots-sans-soucis

     

    Me regardais-tu ou n’était-ce rien
    que moi plutôt qu’un autre
    à peine plus au diapason
    silence-contre-silence

     

    C’est donc l’orgueil de l’élégance
    faire comme si donner le change
    ne donnant rien rien rien comptant 
    sur l’émoussement de l’à-venir

     

    Il ne reste rien mais pas fini
    me priver de tes pensées
    quand je suis plein de toi
    de mes illusions fondues

  • Glossolalie

    La glossolalie d’Andrei Biely m’est parvenue en anglais, accompagnée de cette figure étrange, prise dans une géométrie rudimentaire et universelle. Ne lisant pas le russe, j’ai déchiffré et traduit l’anglais à ma façon, dans un essai de triangulation de la langue, entre la fleur et le serpent, imaginant le cosmos dans une bouche.

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